Les erreurs courantes en matière de sécurité sur les chantiers : comment les éviter en 2024
Les risques en constante évolution sur les chantiers
Les chantiers de construction représentent des environnements de travail complexes, avec des risques multiples allant des chutes de hauteur aux accidents liés aux machines, en passant par les incendies et les expositions à des substances dangereuses. En 2024, alors que les exigences réglementaires se renforcent et que les standards professionnels évoluent, il devient essentiel d’identifier les erreurs les plus courantes en matière de sécurité sur les chantiers et de mettre en place des solutions concrètes pour les éviter.
Selon l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), les accidents du travail dans le secteur du BTP représentent environ 13 % de l’ensemble des accidents avec arrêt en France. Afin d’améliorer la sécurité et de réduire ces chiffres inquiétants, il est crucial de comprendre les failles les plus fréquentes observées sur les chantiers.
Manque de formation et de sensibilisation des travailleurs
L’une des erreurs les plus courantes reste le défaut de formation des travailleurs. Bien que des obligations légales existent, comme le stipule le Code du travail aux articles R4141-1 à R4141-17, de nombreux employeurs négligent encore de former de manière adaptée leurs salariés aux spécificités de leur poste et aux dangers du chantier.
Conséquences :
- Comportements inadaptés face aux risques (utilisation incorrecte du matériel, ignorance des procédures d’évacuation, etc.).
- Augmentation du taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles.
Bonnes pratiques :
- Mettre en place un programme de formation initiale et continue adapté à chaque poste.
- Organiser des sessions de sensibilisation régulières, avec des rappels sur les gestes et équipements de sécurité.
- Tenir un registre des formations et certifications de chaque employé.
Non-respect des équipements de protection individuelle (EPI)
Le port des EPI reste une exigence réglementaire (article R4323-95 du Code du travail), mais leur non-utilisation ou mauvaise utilisation demeure une erreur fréquente sur les chantiers. Casques, gilets fluorescents, chaussures de sécurité ou encore harnais pour les travaux en hauteur doivent être portés systématiquement selon les postes et les risques associés.
Erreurs observées :
- Manque d’EPI adaptés au poste ou EPI en mauvais état.
- Refus des ouvriers de porter les EPI (pour des raisons de confort ou de culture de chantier).
- Absence de contrôle du port effectif des EPI par la hiérarchie.
Solutions à adopter :
- Assurer la fourniture gratuite et systématique des EPI aux travailleurs.
- Contrôler régulièrement l’état des EPI et les renouveler périodiquement.
- Impliquer les chefs d’équipe dans le contrôle du port des EPI.
Défaut de signalisation et balisage du chantier
Une signalisation inadéquate peut entraîner des accidents graves, surtout dans les environnements de circulation mixte (piétons, engins, véhicules). La norme NF X08-003, ainsi que les recommandations de la CRAMIF, imposent une signalétique horizontale et verticale visible, durable et appropriée au danger.
Problèmes récurrents :
- Absence de panneaux de prévention ou d’avertissement.
- Balisage temporaire mal positionné lors d’interventions ou travaux spécifiques.
- Zones de circulation mal définies ou non différenciées.
Mesures recommandées :
- Établir un plan de circulation des engins et des personnes sur le site.
- Mettre en place une signalisation homogène et conforme aux normes.
- Former les intervenants au respect du balisage.
Absence de coordination en matière de sécurité
La coordination de sécurité et de protection de la santé (SPS) est obligatoire pour les opérations de BTP dès lors que plusieurs entreprises interviennent simultanément ou successivement sur un chantier. Cette obligation est prévue par les articles L4532-1 à L4532-11 du Code du travail et le décret n°94-1159 du 26 décembre 1994.
Erreurs observées :
- Absence de désignation d’un coordonnateur SPS.
- Mauvaise communication entre les différentes entreprises intervenantes.
- Non application du Plan Général de Coordination (PGC).
Bonnes pratiques :
- Nommer un coordonnateur SPS dès la phase de conception du projet.
- Élaborer un PGC clair, mis à jour et communiqué à tous les acteurs.
- Organiser régulièrement des réunions de coordination sécurité.
Carence dans la gestion des risques incendie
Les risques d’incendie sur les chantiers sont réels, notamment lors des travaux par point chaud (soudage, meulage, etc.), du stockage de matériaux inflammables ou en présence d’équipements électriques temporaires. L’article R4227-28 du Code du travail impose aux employeurs de prendre toutes les mesures nécessaires contre les incendies.
Défauts souvent constatés :
- Absence d’instructions concernant la prévention incendie.
- Manque d’extincteurs en nombre suffisant ou mal localisés.
- Non-formation des équipes à la conduite à tenir en cas de feu.
Préconisations à appliquer :
- Établir un plan de prévention des risques incendie avant le démarrage du chantier.
- Installer des extincteurs facilement accessibles et adaptés aux risques.
- Mettre en œuvre des permis de feu pour les travaux à risques.
Méconnaissance ou sous-estimation des risques spécifiques
Certains chantiers comportent des risques très spécifiques : amiante, travail en milieux confinés, présence de lignes électriques aériennes, etc. Ne pas anticiper ces risques constitue une erreur critique. La prévention commence dès la phase de conception et d’étude.
Exemples de manquements :
- Intervention sans diagnostic amiante préalable (obligatoire selon le décret n°2011-629 du 3 juin 2011).
- Travail en hauteur sans système de protection collective ou EPI adéquat.
- Absence de plan de prévention pour les travaux présentant des risques particuliers.
Solutions :
- Réaliser les diagnostics réglementaires avant démarrage du chantier.
- Évaluer convenablement les risques dans le Document Unique (DUERP).
- Faire appel à des entreprises spécialisées pour les opérations à haut risque (désamiantage, etc.).
Choix de fournisseurs non certifiés ou matériel non conforme
Une erreur fréquente réside dans le choix de fournisseurs proposant du matériel de sécurité non conforme aux normes CE ou aux certifications exigées (EN, ISO, NF, etc.). L’équipement inadapté ou de mauvaise qualité augmente significativement les probabilités d’accident.
Recommandations opérationnelles :
- Collaborer exclusivement avec des fournisseurs spécialisés en équipements de sécurité respectant les normes en vigueur.
- Demander systématiquement les certificats de conformité lors des achats ou locations.
- Évaluer régulièrement les performances et la fiabilité des partenaires et prestataires.
Mettre en place une culture sécurité durable
En 2024, la prévention sur les chantiers ne peut plus reposer uniquement sur le respect formel des règles. Il faut instaurer une véritable culture de la sécurité, intégrée à tous les niveaux de l’organisation. Cela signifie responsabiliser les équipes, mettre en avant les retours d’expérience, créer un climat de confiance et d’écoute sur les sujets HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement).
En adoptant une approche proactive et systémique de la sécurité sur les chantiers, les entreprises du BTP peuvent significativement réduire les accidents, améliorer leur image auprès des donneurs d’ordre et respecter l’ensemble des obligations réglementaires en vigueur.